Chaleur, pluie (peu d'averses mais à intervalles réguliers) et c'est la végétation qui s'emballe. La vigne pousse presque à vue d'oeil: j'ai mesuré il y a 10 jours un rameau qui a doublé de longueur en 48 heures !! Mais s'il n'y avait que les rameaux fructifères qui poussaient, cela se saurait: il y a aussi les gourmands, ces rameaux sans grappes qui poussent sur le tronc et qu'il faut supprimer, à la main dans mon cas. J'en profite également pour dédoubler, c'est-à-dire supprimer un deuxième bourgeon qui démarre parfois à la base d'un autre. Ceci permet de diminuer un peu les rendements mais aussi et surtout d'aérer le cep afin de garder moins d'humidité au coeur et donc limiter les maladies dans le futur.

AVANT

APRES

Si la vigne pousse, vous pensez bien que les mauvaises herbes ne sont pas en reste. Pour les supprimer, pas de désherbant, j'utilise un canadien, un outil tracté avec des socs pour retourner la terre sur les 10 premiers cms.

AVANT PASSAGE

ET APRES...

Et puis, il ne faut pas oublier les traitements phytosanitaires pour lutter notamment contre le mildiou et l'oïdium qui affectionnent ce temps doux et humide. Etant donnée la présence quasi omniprésente du vent sur mon vignoble, il m'est difficile de trouver un long créneau sans vent et traiter tout en une seule fois. Pour ce dernier traitrement, j'ai commencé jeudi, continué hier soir samedi jusqu'à 22H00 (je n'y voyais plus rien) et fini ce matin de 7à 9h. Bon dimanche, sous vos applaudissements, moi je vais profiter de la fin de mon week-end !!!

Vendredi 13: fin de la taille. Ouf du répit. Que nénni  !! A la vitesse où ça pousse (la vigne comme l'herbe), il faut directement enchaîner les autres travaux et notamment ceux du sol. Seulement voilà, contrairement à beaucoup de mes collègues vignerons, je dois jongler avec mon autre métier d'oenologue-conseil.

Pour vous donner une petite idée de ce que l'addition des 2 peut représenter, voici le programme d'une semaine type:

Lundi: c'est Sam l'oenologue qui démarre la semaine: passage dans les caves pour faire les assemblages de cuvée avant les mises en bouteilles. C'est si vite dit mais si long et si minutieux à faire. Je consacrerai ultérieurement un article sur les assemblages car c'est un exercice tellement intéressant, enrichissant et surprenant que je me dois de vous expliquer cela plus en profondeur.

Enfin, pour résumer, le lundi, c'est régulièrement une centaine de vins dégustés: avis aux amateurs.

Mardi: prenez le lundi et faites un copié-collé.

Imaginez tout de même que sur ces deux jours, si Sam le vigneron est sollicité dans l'urgence par ses vignes ou un de ses clients, c'est le soir en rentrant de ces "folles" journées que celui-ci doit faire son job.

Mercredi et Jeudi: Sam le vigneron entre en scène: et là, c'est tout le panel des tâches d'un vigneron et d'un chef d'entreprise qui défile en fonction des impératifs et il faut bien le dire de l'humeur du bonhomme: travaux dans les vignes, travail de cave, gestion du personnel, accueil des clients, tournées commerciales et/ou de prospection, rdv avec les fournisseurs, comptabilité-gestion, standard téléphonique, paperasse diverse (et envahissante !!)

Vendredi: Journée coupée en 2: le matin c'est l'oenologue (et toujours ses dégustations) et l'après-midi c'est le vigneron (pour faire ce qui n'a pas été fait les 2 jours précédents)

Samedi: journée axée sur la réception des visiteurs mais je ne reste pas derrière mon bar, il y a toujours qq chose à faire, suivi de mes vins en cuve, paperasse, coups de fil etc...

Dimanche: journée de repos que je consacre à Estelle et à mes loisirs (enfin, quand je ne suis pas sur un salon ou convoqué en tant que jury pour tel ou tel concours des vins)

Voilà en condensé la vie d'un jeune fou passionné qui a osé se lancer et qui croit dur comme fer à la viticulture française et au devenir des vins des Fiefs Vendéens.

Aujourd'hui, coup de fil d'un client pour prendre rdv à la cave. Il vient de voir le palmarès du Concours des Vins de Paris et regrette de ne pas voir le domaine ALOHA. ET POUR CAUSE, JE NE PEUX PAS Y PARTICIPER !!!

Explication: les cuvées présentées doivent au moins correspondre au rendement autorisé à l'hectare par l'appellation, c'est-à-dire pour les Fiefs Vendéens 66 hls en blanc et rosé et 62 hls en rouge. Seulement voilà, moi, avec mes 4 hectares et 100 hls déclarés en Fiefs Vendéens (divisés en 6 futures cuvées), je suis marron-chocolat (ben oui, c'est bientôt Pâques !!!).

Alors voilà, pour tous les petits vignerons qui cherchent à faire de la qualité, celle-ci ne peut même pas être reconnue par ce concours alors que d'autres admettent de plus petits volumes.

J'adresse donc à l'organisation du Concours de Paris une belle et grosse médaille en chocolat (et re-Pâques !!!). 

Pour info, mon client m'a confirmé sa confiance aux vins du Domaine ALOHA, merci à lui !!!

Une petite vidéo bien sympathique envoyée par une amie. A consommer sans modération.

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/27/31/98/coca-vs-glane-moyen.wmv

Merci Christelle.

Tout d'abord, je tiens à adresser mes félicitations aux 3 vainqueurs du Wine Blog Trophy qui a eu lieu lors du Salon des Vins de Loire début Février et surtout à Olivier Grosjean pour son blog d'Olif (lien sur la colonne de gauche). Le blog de ce "terroiriste hédoniste jurassique" est une vraie mine d'information sur le monde du vin et de la gastronomie. De plus, avec son humour et son phrasé, c'est un vrai régal à lire.

Bon, revenons à nos moutons (avec ce vent et cette mer déchaînés, on n'en manque pas !!) quoique en regardant le dernier post d'Olif sur les coquilles St Jacques, ma transition est toute faite !!!

En effet, deux nouveaux restaurants étoilés en Vendée (La Marine à Noirmoutier et Le Cayola au Chateau d'Olonne), cela a fait resurgir en moi cette autre passion que faute de temps je ne peux que rarement pratiquer: la cuisine. Alors ce dimanche, exit l'oenologue, exit le vigneron, exit le surfeur et vive le cuisto !!!

Alors, recettes??? Pas de pb pour les trouver, je les avais déjà en tête depuis qq temps:

- Entrée: Noix de St  Jacques (comme Olif, cela devait donc être la journée nationale de la coquille) à l'effilochée d'endives, une recette d'Hélène Darroze (Paris 6è et deux étoiles).

Bon, la recette ne prévoyant que 2 belles St Jacques dans la coquille, j'ai décidé d'en rajouter trois tout juste revenues à la poêle et ornée chacune d'une fine tranche de viande de sanglier séchée au four à 60°C pendant 4 heures. Le contraste des sensations moëlleux-craquant est surprenant et divinement bon. Slurp !!!

Accord parfait avec mon "Version Blanc" 2005 dont la fraîcheur vient compléter la douceur des St Jacques et de la sauce (je prêche pour ma paroisse mais c'est pas tous les jours que je cuisine ainsi alors je teste en priorité mes vins !!)

- Plat: Tournedos de Thon Rossini et son risotto. Recette simple sur le papier mais qui requiert une maîtrise et une coordination des cuissons parfaites sinon... C'est vraiment mon plat-test lorsque je vais pour la première fois dans un restaurant (avec la qualité du pain et la carte des vins bien évidemment). Le but du jeu est de servir le thon chaud et rosé à coeur et le foie gras chaud dessus: l'accord est à tomber !!!

 Bon, attention à la photo car j'étais tellement concentré sur les cuissons que j'en ai négligé la présentation (l'étoile s'envole, snif !!!)

Avec ce plat, le "Version Rouge" 2005 (servi à 12°C) avec sa fraîcheur épicée vient relever le fondant du thon et du foie gras: perfecto !! 

- Dessert: j'ai mis toute mon énergie dominicale dans les deux premiers plats donc ce sera: Yaourt de grande renommée tout juste sorti de son frigo, servi sans son opercule métallique mais avec sa cuillère en argent: ça en jette, non??