Pour ma première année de conversion du vignoble en Agriculture Biologique, je dois bien avouer que ce millésime très sec (65 mm d'eau depuis mi-mars) m'a bien aidé, le mildiou et l'oïdium n'ayant pas assez d'humidité pour se développer.

En ce beau dimanche matin, alors que les derniers fêtards rentrent se coucher, je fais mon dernier traitement avant les vendanges qui devraient démarrer fin août, avec deux semaines d'avance, voire trois.

Une petite dose de cuivre et une petite dose de soufre pour éviter un développement tardif des champignons, surtout sur les cabernets que je vendange en dernier.

Pour faire un petit bilan de l'année, j'ai protégé mon vignoble avec 2100 g de cuivre par hectare, le max autorisé en AB étant de 6000 g/ha.

Les puristes me diront que j'aurais pu descendre encore plus bas et ils ont peut-être raison (quand je vois mes rangs témoins très peu touchés) mais bon, pour cette première année, j'ai préféré traiter souvent mais avec de petites doses afin que la vigne soit toujours couverte.

Je commence à entendre à droite et à gauche dans les "milieux autorisés" que le millésime va être exceptionnel. Je n'ai que six millésimes de vigneron derrière moi mais plus du double en tant que conseiller et je peux vous dire que la qualité du millésime dépend pour beaucoup du temps qu'il fait les 3 dernières semaines avant les vendanges. Tant que le raisin n'a pas franchi le seuil de la porte de la cave, chuuuuuuuuuttt !!

Aujourd'hui, ce n'est pas moi la cible mais les petites bêtes qui se balladent dans mes vignes. Armé de mon bridge Lumix FZ38, je me ballade dans les rangs en ce lundi de Pentecôte et voici ce que j'ai vu en quelques minutes:

Larve de coccinelle: cherchez la ressemblance !!

Nymphe de coccinelle: bientôt la sortie de la Belle

Voilà enfin la Belle: avec 12 millions de pixels, je te vois sourire !!!

Le Cardinal de Brem

Le Syrphe, super bio-indicateur et j'en ai plein !!!

Je ne sais pas qui t'es toi mais ne pond pas sur mes raisins !!!

Fleur de vigne avec le futur grain au milieu !!!

Voilà, aucun insecticide depuis que j'ai repris en 2005, des haies tout autour du vignoble et voici une vraie diversité biologique et écologique, et je ne vous parle pas des lièvres, faisans, chevreuils, lézards et serpents qui se laissent moins facilement prendre en gros plan !!!

Dans son numéro de juin "Spécial Millésime 2010", la Revue du Vin de France a sélectionné ma cuvée Belharra 2010.

"... d'un très bon niveau de maturité, dans un registre dense et finement tanique".

J'aime assez ce commentaire car il reflète bien ce vin et la façon dont je l'ai vendangé et vinifié. Pour le bon niveau de maturité, je ne suis pas étonné car j'attend toujours la maturité max sur les cabernets afin d'éviter le côté poivron vert et surtout afin que les tanins soit bien mûrs (quand les pépins sont marrons, croquants à souhait et sans amertume). L'inconvénient est une petite perte de rendement par concentration mais eh, on a rien sans rien !!!

Pour le côté dense et finement tanique, c'est vraiment ce que je recherche sur cette cuvée. Après une vendange (manuelle) et une réception de vendange tout en douceur qui respecte bien l'intégrité du raisin (éraflage doux et tapis élévateur), la macération est longue pour amener du gras et du volume mais sans trop de remontage ni brassage pour éviter d'extraire trop de dureté et d'astringence. C'est toute la complexité de la vinification de cette cuvée ainsi que la cuvée L' Âme de Fond: extraire mais sans trop !!!

Sortie prévue de Belharra mi 2012: eh oui, c'est un Fief Vendéen qui demande de l'élevage !!

Ouaaaaaah, pas une goutte d'eau prévue dans les 10 prochains jours, cela ne va pas s'arranger !!!

Le sol est tellement sec que je ne peux pas passer mes outils interceps pour ôter l'herbe qui grimpe dans les ceps. J'ai fait quelques essais après quelques pluies (pas plus de 10 mm d'un coup) mais s'il me faut cinq passages par rang pour obtenir un beau résultat, j'y suis encore à la Toussaint, sans compter l'usure et/ou la casse des outils.

Je vais donc reprendre la bonne vieille débroussailleuse à fil que je croyais rentrée définitivement au placard.

Bon, d'un autre côté, ce temps sec freine le développement des champignons (mildiou et oïdium) alors on ne va pas trop se plaindre.

Si ce temps continue, nous allons commencer à vendanger fin août, chose que je n'ai pas encore vécu dans ma jeune carrière de vigneron. L'idée ne me plaît guère mais c'est la vigne et le raisin qui décident...

Mais bon, malgré toutes ces interrogations, le stress, les imprévus etc..., j'ai envie de rester zen et de prendre tout cela avec philosophie. Keep cool et bon dimanche !!!

Mon ami Stéphane Grossin, photographe professionnel ( www.vendee-grandeur-nature.com ), m'a proposé à l'automne 2010 de venir prendre des clichés à chaque étape importante du travail des vignes, et ce sur le millésime 2011, première année de la conversion de mon vignoble en bio.

Pour cette première séance concernant la taille, difficile de prévoir un créneau avec mon emploi du temps sans cesse changeant. Heureusement, j'avais réservé un rang non taillé en prévision. Ce lundi soir dernier donc, nous voilà enfin réunis pour faire quelques photos et enfin tailler ce rang de Chenin dont les bourgeons ont éclaté depuis plus de 15 jours.

Je vous laisse apprécier le résultat, c'est vrai que photographe c'est un métier !!! Moi qui suis plutôt du genre pas photogénique pour un sou, je parais à peu près normal !!!

En couleur

La même en N&B

Sourire presque naturel, c'est rare sur les photos !!!

Concentré !!!

Le vigneron s'envoie en l'air !!!

Le vigneron pas content, non, pas content du tout !!! 

D'après Stéphane, avec cette tête, j'aurai pu tourner dans les Tontons Flingueurs, merci, quel honneur !!!

Si vous souhaitez voir d'autres photos prises ce soir là, allez sur le site de Stéphane ICI